CADRE CONCEPTUEL DU PROJET

Le projet EurAdice tire sa pertinence du développement durable interculturel (Esoh Elamé, 2020), ainsi que des interactions entre économie circulaire et dialogue interculturel.
Le développement durable interculturel :
Le développement durable interculturel est « une vision à long terme du développement qui consiste à répondre aux besoins des générations passées et présentes sans toutefois compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Le développement durable interculturel prend en compte le caractère indissociable des dimensions responsabilité environnementale, solidarité sociale, responsabilité interculturelle et efficacité économique ou économie circulaire. Il incarne l’ambition d’intégrer systématiquement la culture, la diversité culturelle, le dialogue entre les civilisations et les cultures à toute problématique de développement.
Qu’est-ce que l’économie circulaire ?
Il s’agit d’un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants aussi longtemps que possible afin qu’ils conservent leur valeur. Ainsi, le cycle de vie des produits est étendu, ce qui permet de réduire l’utilisation de matières premières et la production de déchets.
En pratique, cela implique de réduire les déchets à un minimum. Lorsqu’un produit arrive en fin de vie, les ressources qui le composent sont maintenues dans le cycle économique, dans la mesure du possible, grâce à leur valorisation. Elles pourront ainsi être réutilisées à nouveau et encore une fois pour recréer de la valeur. Il s’agit d’une rupture par rapport au modèle économique linéaire, qui repose sur la trilogie « prendre-fabriquer-consommer-jeter ».
L’économie circulaire face aux enjeux interculturels et sociétaux
Les recherches sur l’économie circulaire se focalisent sur les questions environnementales, mais ne prennent pas en compte les enjeux culturels et interculturels liés à cette problématique. La transition vers un modèle économique circulaire ne peut aboutir sans une transition interculturelle. Cette dernière doit être fondée sur les modes de vie, les systèmes de valeurs, ainsi que sur la valorisation de certaines traditions et croyances plus sensibles et réceptrices à la réparation, à la réutilisation, au réemploi et au recyclage des déchets. L’économie circulaire est alors à un tournant décisif de son histoire. Elle doit ajuster ses repères et son approche afin d’intégrer pleinement l’ensemble des bonnes pratiques de valorisation des déchets présentes dans les différentes civilisations et cultures dans une perspective interculturelle. La transition vers une économie circulaire mobilise alors les savoirs culturels et interculturels de valorisation des déchets qui proviennent de toutes les civilisations.
Économie circulaire et migrations
Les recherches actuelles sur l’économie circulaire ne valorisent pas les travaux menés ces trois dernières décennies sur le lien entre migration et développement, qui ont pourtant fait l’objet de nombreux débats dans la littérature scientifique, y compris dans certaines revues fortement politisées ou idéologisées. Le cadre théorique de l’économie circulaire, actuellement porté par différentes écoles de pensée, nous invite à débattre. Ce cadre théorique devrait également s’appuyer sur les avancées de la littérature scientifique concernant les effets de la migration sur le développement durable. Sur le plan opérationnel, le projet EurAdice va s’intéresser à trois points précis :
1 – Les aspects de l’économie circulaire liés à l’intégration du migrant dans son nouveau pays d’accueil. À cet effet, l’accent sera mis non seulement sur l’intégration sociale, économique et interculturelle du migrant, mais également sur son intégration environnementale. Pour que l’immigration soit acceptée par le pays d’accueil, il est essentiel que les immigrés et leurs enfants soient pleinement intégrés à l’économie et à la société, y compris sur les questions environnementales. Ceci nous invite à repenser les politiques d’intégration au sein des pays de l’Union européenne.
2 – les effets de l’économie circulaire sur le migrant lui-même.
3 – les effets de l’économie circulaire sur les migrations circulaires et inversement.
Interculturaliser l’économie circulaire
Le projet EurAdice (European African diaspora for an inclusive circular economy), réf. 101102547, financé par le programme du Fonds social européen + (FSE), vise à intégrer l’approche interculturelle dans l’économie circulaire. Il faut que l’attention portée à l’économie circulaire ne se limite pas à l’environnement, mais tienne également compte du dialogue entre les systèmes de pensée pour améliorer les pratiques, les modalités et les processus de valorisation des déchets solides ou liquides.
Ce projet veut contribuer à construire un discours interculturel sur l’économie circulaire. Il expérimente plus précisément la possibilité de développer de nouvelles compétences professionnelles auprès des personnes en situation de migration (les migrants et réfugiés africains en Europe) pour en faire des acteurs clés de l’internationalisation des PME européennes et africaines de l’économie circulaire interculturelle. Il est question, à travers ce projet, de permettre aux migrants d’acquérir les compétences professionnelles dans l’ensemble des domaines de l’économie circulaire low-tech, enracinée dans le dialogue entre les civilisations et les cultures.